Artiste, de Taro Samoyedo

 



Artiste est un manga de Taro Samoyedo, paru aux éditions Glénat. Comme son nom ne l’indique finalement pas, l’histoire se passe dans le milieu de la restauration. Et le cliché, vérifié ou pas d’ailleurs, du milieu de la restauration impitoyable va être de la partie.

Pour un petit résumé sans pour autant tout dévoiler, voici ce que dit la quatrième de couverture :

“Gilbert travaille dans un grand restaurant parisien. Suite à une altercation, il se trouve relégué du rang de cuisinier à celui de plongeur. Jour après jour, il ne fait que laver des assiettes… mais l’arrivée de Marco, un jeune homme un peu désinvolte, bouleverse bientôt son univers.
Comment survivre en cuisine quand on a du talent mais pas le moindre courage?
Suivez l’itinéraire d’un cuisinier craintif sur la voie du succès !”

Nous allons donc pouvoir suivre Gilbert, sa rencontre avec Marco, son quotidien dans les cuisines, et le bouleversement qu’il vit dans sa vie, grâce notamment à Marco qui va être un véritable ange-gardien dans sa vie, malgré son allure désinvolte qui fait totalement penser le contraire. La vie de Gilbert va prendre un tournant qu’on peut qualifier de très positif, mais son manque flagrant de confiance en lui risque de lui causer beaucoup de problèmes.

Je pense que, dit comme ça, il pourrait y avoir un joli message à retenir, qui serait digne d’un manga feel good. Le manque de confiance en nous nous empêche d’oser, et, au final, nous met des bâtons dans les roues.
Sauf que, malheureusement, selon moi, ce manga n’est pas dans l’optique d’un feel good, mais il est juste là pour parler d’un jeune homme avec un certain don qui peut l’aider dans le domaine culinaire, mais qui, dans sa vie, et même dans son travail, se révèle être également un handicap, parce que non seulement il se retrouve parfois dans des situations délicates, mais surtout parce, de par ce qu’il a vécu lorsqu’il était plus jeune, il considère son don comme un énorme problème. Il finit par se sentir victime de tout, persécuté, finalement un peu paranoïaque.
Les rebondissements qui ont lieu ont, à mes yeux, rimé à rien du tout. Bien entendu, un rebondissement peut, voire doit, être inattendu. Mais là, il sont illogiques au possible. On se retrouve, en peu de chapitres, d’un Gilbert pariat total, à un Gilbert vu comme l’homme le plus doué du monde, et que tout le monde veut dans ses cuisines, ce qui ressemble vraiment à un non sens.
Ce non sens est renforcé par la construction même du manga. Même si le style de dessin est sympa, et clair, contrairement d’ailleurs à ce que j’avais évoqué pour Levius, la construction reste, à mon sens, tout aussi fouillis, bancale. On semble faire des bonds dans le temps, des retours en arrière, et il devient très complexe de suivre le récit de manière précise. Heureusement, le fil conducteur se retrouve quand-même un peu, donc on peut comprendre le plus gros de l’histoire.

Personnellement, je n’irai pas plus loin dans cette série, et ce pour deux raisons. La première, c’est que l’histoire reste trop déconstruite à mon goût, et je trouve qu’il y a des mangas bien mieux fichus que ça. C’est quelque chose qui me perd dans l’histoire et qui m’empêche d’y accrocher, de rentrer dedans. La deuxième raison, c’est qu’en réalité, le personnage de Gilbert m’insupporte. Son manque de confiance en lui, dépeint de cette manière, le rend à mes yeux totalement agaçant. Puis, le fait qu’il se sente persécuté ne fait que rajouter à ce côté insupportable. On ne fait que voir un garçon qui se fait victimiser mais qui ne cherche jamais à s’en sortir : brimé par son chef, il ne prend même pas la décision de démissionner, ne donne d’ailleurs aucun motif valable à cette passivité, s’écrase sans arrêt, et baisse constamment les bras, sacrifiant ses rêves au passage. De plus, il est finalement un personnage incohérent, car il se montre peu sûr de lui, mais lorsqu’un rebondissement nous fait découvrir à quel point il est doué et que beaucoup de choses étaient finalement là pour cacher la réelle situation, il continue malgré tout à se montrer peu sûr, peureux, et comme victime de la vie elle-même.

En résumé, c’est peut-être un manga qui peut vous plaire, loin de scènes de combat, mais si vous avez besoin d’un bon fil conducteur, d’une bonne construction de récit, et de personnages cohérents, ce manga ne sera pas pour vous. En revanche, si vous aimez les mangas type Le petit Chef ou Food Wars, peut-être que celui-ci vous conviendra également.

Eirien

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