S'aimer dans la grande ville de Sang Young Park (Editions La Croisée)

 


Ce roman est focalisé sur Young, que l'on découvre étudiant et qui ensuite évolue dans le monde professionnel. C'est un jeune homme qui assume son homosexualité auprès de ses amis proches et qui ne s'en cache pas. Par contre, il a plus de mal à le montrer dans la société conservatrice dans laquelle il vit, et surtout à en parler à sa mère.

Cette double facette dans la société coréenne montre aussi toute l'ambivalence que ce personnage porte en lui. D'un côté, il est très fêtard et aime le monde de la nuit et les rencontres qu'il peut y faire. De l'autre, on sent le poids des traditions et de l'image parfaite qu'il faut renvoyer au monde auquel il appartient. Ce tiraillement fait que Young ne peut être lui-même qu'à certains moments.

Par ailleurs, le roman traite aussi de sujets lourds qui sont évoqués avec délicatesse, notamment celui de la maladie. D'abord, celle dont Young est atteint et qu'il porte en lui sans la nommer, mais dont il sait qu'elle ne le quittera jamais. Mais aussi, la maladie de sa mère et sa presque obligation de s'occuper d'elle comme il est de coutume dans sa société. Ces passages où Young est en charge de sa mère sont très touchants car il s'oublie totalement pour prendre soin d'elle, malgré les relations pas faciles qu'il y a entre eux. On sent aussi une certaine pudeur dans chacun de ses deux personnages, qui sont tiraillés entre montrer leur vrai visage et le visage de façade qui est nécessaire.

Cette lecture est cependant inégale car, quand bien même des passages sont touchants et très entraînants, il y en a d'autres où on a l'impression que l'auteur veut montrer que l'ivresse des réactions de Young s'explique par ce tiraillement. Et c'est une litanie qui est reprise tout au long du roman et qui l'alourdit. Autant le début est très plaisant car Young rencontre sa meilleure amie et ils vont s'entraider dans leur vie. Mais très vite, il y a un certain essoufflement car on se retrouve en tête-à-tête avec Young et ses pensées qui tournent en rond et c'est parfois très long. Une seule rencontre va l'ébranler, mais en raison de son mal-être, il ne se rendra compte de la valeur de cette personne que bien trop tard.

L'auteur a, à travers ce roman, voulu retranscrire une partie de sa propre vie et montrer les dessous de la vie des personnes homosexuelles en Corée du Sud. Bien qu'il vive à Séoul, qui est une ville dynamique, le poids des traditions est très présent encore aujourd'hui. Cette lecture rappelle un roman de John Boyne, "Les fureurs invisibles du cœur". Alors que le roman de John Boyne décrit la société irlandaise avec une vision très sociale de l'Irlande à travers la religion, le droit des femmes et des personnes homosexuelles, ici l'auteur n'arrive pas à aller plus loin que son personnage. Ce dernier apparaît presque comme égoïste alors qu'il montre juste sa difficulté à accepter son identité et son appartenance au monde auquel il appartient.


Minouchka

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