Errances - Alain Russon


 

Comme pour les livres de Michèle Médard, j’ai découvert cet auteur en Normandie, lorsqu’il tenait un stand pour vendre ses romans et ceux d’autres auteurs. J’avais envie de découvrir cet auteur, et, surtout, à l’achat de ce livre, un euro est reversé à la SPA. Sachant que la cause animale me tient à cœur, je n’avais plus aucune raison d’hésiter. J’étais contente de cet achat. Et, dans un certain sens, comme je vais vous l’expliquer, je vais le regretter.


Pour commencer, voici ce que dit la quatrième de couverture :

« Stephan et Erna, un couple d’Allemands, n’envisageaient pas la tournure que prendrait ce séjour en Normandie : Joyce, leur épagneule, s’est échappée de l’hôtel. S’ensuivent des vaines tentatives afin de la retrouver et, finalement, la nécessité de rentrer sans l’animal.

Prêt à tout pour sa chienne, Stephan obtient de son patron une année sabbatique. Pour le maître de Joyce, de retour seul sur les lieux de la disparition, débute alors le temps des recherches. 

Mais rejoindre cette chienne, est-ce bien l’unique motivation de Stephan ?

Et comment survivra l’épagneule au milieu de terres inhospitalières ?

Alternance de rencontres animales et humaines. 

Chacun vit un périple qui le transformera à tout jamais. »


Tout d’abord, et je dois avouer que, même en lisant la quatrième de couverture la première fois, je ne pensais pas me retrouver avec un roman feel good dans les mains. Car ce roman n’est pas seulement l’histoire d’un homme qui cherche son chien dans un pays étranger, et qui est confronté à certaines difficultés, dont la barrière de la langue. C’est aussi et avant tout l’histoire d’un homme, d’une part, qui, au fil des événements et des rencontres, va remettre en question sa vie personnelle, et d’un chien, d’un autre côté, qui va devoir apprendre la survie, avec toutes les conséquences que ça aura sur son caractère, et avec, là aussi, des rencontres déterminantes.


Le roman, séparé en chapitres, suit tour à tour Stephan et Joyce, avec quelques chapitres réservés à d’autres personnages, qui jouent eux aussi un rôle dans toute cette histoire.


Et c’est là que je vais attaquer le négatif, que je nuancerai par la suite malgré tout.


D’un côté, on a Stephan, qui, à la recherche de Joyce, va faire diverses rencontres, qui vont, bien malgré elles, le détourner de son but premier, ce qui aura eu, personnellement, le don de m’agacer. Certaines difficultés rencontrées le détournent en effet à juste titre de son but premier, mais à d’autres moments j’avais surtout l’impression qu’il avait totalement oublié Joyce.  J’ai finalement eu l’impression que la recherche même de Joyce était basée sur les mensonges de sa vie, et qu’il ne tenait finalement pas autant à son chien que ça. Sensible à la cause animale, et ayant moi-même recueilli des animaux, et failli en perdre, j’étais à la limite d’enrager.


D’un autre côté, on a Joyce, qui, malheureusement pour elle, va prendre conscience que tous les humains ne sont pas gentils, et que tout, autour d’elle, peut potentiellement devenir un danger pour elle. Elle va croiser la route de quelques humains, mais surtout d’animaux, et ces rencontres ne seront pas toutes positives. Le lecteur la voit lutter pour sa survie, et, sensible comme je suis, je me sentais hyper mal tout au long de la lecture, et incapable d’arrêter ma lecture avant de savoir si elle allait s’en sortir. 


La fin du roman m’a profondément déçue. On espère que tout finira bien, que Stephan retrouvera Joyce, qu’ils retourneront tous les deux en Allemagne. Mais, en réalité, cette fin est à l’image même de la vie : tout ne finit pas toujours comme on le voudrait. Sans oublier également que nos expériences forgent notre personnalité, et provoque nos choix. Et c’est tout ça qui fait que cette fin qui ne nous plait pas forcément est finalement à la limite d’être la seule fin possible.


Malgré une certaine frustration de ce qu’a été cette histoire, je reste obligée de nuancer tous ces points négatifs. 

Tout d’abord, parce que la rédaction est telle qu’il est extrêmement difficile de décrocher de ce livre, encore plus si, comme moi, vous êtes sensible à tout ce qui arrive à Joyce.

Ensuite, parce que beaucoup de choses sont finalement criantes de vérité, que ce soit au niveau de Joyce dont la confiance envers les humains est rompue, qu’au niveau de Stephan, qui se rend compte au fur et à mesure du récit à quel point sa vie ne correspond plus à ses envies et ses valeurs.

Enfin, et c’est le point le plus important pour moi, parce que ce livre montre tous les dégâts que l’humain est capable de faire : sur lui-même, sur d’autres humains, et surtout sur les animaux, victimes trop fréquentes, qu’ils soient domestiques ou non.


En conclusion, c’est une lecture, bien qu’elle m’ait fait souffrir à sa manière, que je recommande si vous avez envie de découvrir un auteur qui, grâce à ses mots, est capable de vous faire réfléchir sur la condition humaine et animale.


Eirien

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