Cinq petits Indiens de Michelle Good (Editions Points)
Dans ce roman choral, Michelle Good nous fait découvrir un scandale qui a secoué le Canada : celui de l’enlèvement de force d’enfants autochtones à leur famille, afin de les enfermer dans des pensionnats. Ces faits se sont produits pendant plus d’un siècle, du milieu du XIXᵉ siècle jusqu’en 1996. L’objectif officiel était de leur offrir une vie et une éducation meilleures, s’ils vivaient dans des conditions défavorisées, mais officieusement, il s’agissait surtout d’effacer leur culture ancestrale.
Le roman nous décrit la vie de cinq pensionnaires qui, une fois leurs 16 ans révolus, doivent retourner dans une société à laquelle ils ne sont pas prêts. Ayant vécu des horreurs dans le pensionnat, filles et garçons confondus, au vu et au su de tous, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, confrontés à des traumatismes qu’ils doivent également gérer seuls. Le retour dans leur famille ou auprès d’anciens camarades n’a rien d’évident. L’isolement et la coupure avec leur passé laissent des traces, et chacun tente de survivre à sa manière.
Cette lecture est révoltante, car elle met en lumière la difficulté d’intégration de ces jeunes, coupables uniquement d’être nés autochtones. Pourtant, chacun des personnages (Kenny, Lucy, Clara, Howie ou Maisie) est touchant à sa manière. On s’attache à leur parcours, on ressent leur désir de s’en sortir, de tourner la page du pensionnat, et surtout, leur prise de conscience qu’ils ne sont pas responsables des sévices subis dans cet endroit. Après l’enfermement, ils doivent composer avec la brutalité du monde réel, dont ils ignorent totalement les codes.
Bien que cette histoire soit fictionnelle, l’autrice raconte, à travers ses personnages, une part de son histoire familiale, puisque sa propre mère a été enfermée dans ce type de pensionnat.
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