La seconde vie de Mirielle West d'Amanda Skenandore (Editions Pocket)
Mirielle West mène une vie dorée dans les années 1920, à Los Angeles. Issue d’une famille aisée, elle n’a connu que le confort et l’univers privilégié dans lequel elle évolue. Épouse d’un acteur célèbre du cinéma muet, elle est connue et reconnue dans son milieu et ne fréquente que la jet-set et ceux qui font la "une".
Tout bascule lorsqu’un médecin découvre qu’elle a la lèpre et qu’elle est envoyée manu militari dans un foyer pour lépreux, à Carville, où elle ne peut pas sortir. Son ancien statut et sa célébrité n’y sont plus pris en compte, car elle doit prendre un nom d’usage. Dès lors, Mirielle commence à entrevoir une vie qu’elle n’a jamais connue, faite de privations de toutes sortes. De plus, elle porte un poids énorme, qu’elle devra affronter alors qu’elle est enfermée et pas prête à travailler sur ce sujet qu'elle noyait dans l'alcool.
Mirielle est persuadée qu’il s’agit d’une erreur, qu’elle ne restera que peu de temps, et elle écrit à son époux pour la faire sortir de là. Mais dans ce centre, elle n’est qu’un numéro parmi d’autres et doit se plier à la vie en communauté.
Mirielle refuse d’abord de s’intégrer à cette communauté, mais peu à peu, elle se lie d’amitié avec certaines personnes et commence à participer à la vie locale. Toutes ses actions sont d’abord égoïstes, car elle agit dans l’espoir de pouvoir sortir plus vite de ce lieu. Elle aide les religieuses à administrer les traitements, puis à organiser une fête dans le centre. Persuadée que sa présence est une erreur, elle oscille entre des moments d’entraide avec les autres et des périodes où ses filles lui manquent et où elle s’en prend à ceux chez qui la lèpre est plus visible.
Mirielle paraît antipathique au départ, mais on la comprend au fil du récit, et elle devient attachante. Car, au fond, c’est une jeune femme qui était perdue dans sa vie d’avant, que l’on enferme sans explication et qui doit se reconstruire seule, sans aide psychologique.
L’autrice nous fait découvrir, dans ce roman, un lieu qui a réellement existé en recourant à la fiction. Ce récit historique est à la fois intéressant, car il confronte deux mondes, celui des gens que l’on voit et celui des gens que l’on cache. La lèpre était en effet une maladie honteuse et dissimulée à l’époque, et, une fois entré dans ce centre, on ne pouvait en sortir. Les traitements n’étaient pas 100 % efficaces. Aussi, le fait d’avoir choisi la fiction pour aborder ce sujet permet à Amanda Skenandore d’aller au fond des thèmes évoqués, sans jamais les rendre indigestes pour le lecteur.
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