Le livre de ma mère d’Albert Cohen (Deux avis - un roman / lecture commune)

 

Chaque mois, nous vous proposons un avis sur un roman que nous avons lu toutes les deux. Pour le mois de mai, nous avons choisi le roman d’Albert Cohen qu’il a dédie à sa mère.

Ce roman d’Albert Cohen est un bel hommage à la figure maternelle en général. Ici, l’auteur souligne l’importance de cette figure, ce qu’elle représente pour la construction d’un individu mais aussi le manque ressenti lorsqu’on perd cet être cher. Plus largement, on peut le transposer à toutes les personne qui ont une place importante dans nos vies, que l’on pense intemporelle mais dont on ressent le manque (parfois de manière brutale ou criante) lorsqu’on les perd. Cette lecture est donc une sorte de mémento pour chaque lecteur de chérir chaque instant passé avec nos proches et les personnes à qui l’on tient.

Ce texte décrit aussi la mère de l’auteur puisque c’est une œuvre qui lui est entièrement dédiée. Ce fils qui a reçu un amour inconditionnelle d’une mère un peu trop présente, protective et qui a vécu par et pour son fils. Cette femme qui a mis sa vie entre parenthèses pour le bonheur de son fils et ce dernier se rend compte bien trop tard qu’il  ne lui a pas rendu la pareille.

Cette relation mère/fils peut être interprétée de plusieurs manières. D’un point de vue purement maternel, le dévouement de cette mère est compréhensible car toute mère à un attachement particulier à son enfant et veut son bonheur quitte à s’oublier ou vivre à travers lui. Mais aussi, ce trop plein d’amour donné peut aussi représenter une relation « toxique » où la mère étouffe son enfant au point de ne pas lui laisser la liberté de se construire et de s’affirmer. On rangerait plutôt la mère de l’auteur dans la première catégorie.

Cette lecture fait passer le lecteur par différentes émotions et amène des questionnements sur les êtres que l’on côtoie et dont on ne se rend pas (toujours) compte de l’importance qu’ils ont pour et sur nous.

Minouchka

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Le livre de ma mère, paru la première fois en 1954 est l’occasion pour son auteur, Albert Cohen, né dans une famille juive, de rendre hommage à sa mère, décédée en 1943, mais ayant échappé à la déportation.

A la lecture du premier chapitre, le style parait extrêmement poétique, quoique certains termes peuvent être en décalage total avec la manière de raconter les choses. Mais, très vite, la rédaction devient plus classique, avec un langage soutenu, qui fait qu’on trouve les choses moins perchées.

Albert Cohen a voulu rendre, avec ce livre, un hommage à sa mère, à la mère qu’elle était, aux moments passés ensemble. Il dit à quel point elle lui manque, à quel point il regrette son absence. Il reparle de moments de son enfance et de sa vie de jeune adulte. Il la décrit, tel qu’il la voyait de son vivant.

Je dois admettre que j’ai trouvé ce livre très hypocrite, et même par moments malsain. 

On commence la lecture avec énormément de mots d’amour pour elle, qui représente selon lui l’image de la mère parfaite. Mais, très vite, on se rend compte de tous les petits défauts qu’il pouvait voir chez elle. Le portrait n’est pas toujours celui qu’un fils aimant peut en faire : il la critique sur son physique, sur certains de ses comportements, ce qui est, à mes yeux, totalement contradictoire avec l’amour et les regrets qu’il ne cesse d’énoncer tout au long du livre. Malsain également, car cette mère qu’il critique, qu’il appelle même « ma chérie », il ne peut pas vivre sans, tout comme, de son vivant à elle, elle était clairement trop attachée à son fils. Son fils représentait sa vie, à en croire l’auteur, et ce fils donne l’impression de ne pas avoir grandi, ou d’avoir toujours profité de ce trop d’amour de sa mère. 

Albert Cohen nous dresse donc finalement, dans un style qui se lit malgré tout facilement, le portrait d’une mère extrêmement possessive et intrusive dans la vie de son fils, et d’un fils au début de sa vie extrêmement émerveillé par la figure maternelle, puis finalement conscient de l’hyperattachement de sa mère mais bien heureux de la situation, puisqu’il en profite pour se faire chouchouter tel un enfant de 5 ans dès qu’elle est auprès de lui, et hypocrite, puisqu’il la critiquera, voire la traitera finalement assez mal, pour un fils prétendument amoureux de sa mère. Je ressors de ma lecture avec un certain dédain pour cet auteur, dont je ne pense pas lire une autre œuvre après ce que j’ai pu voir de lui dans ce livre.

Eirien

 


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