Humus de Gaspard Koenig (Editions de l'Observatoire)

 

Ce roman fait figure d'ovni littéraire car il s'empare d'un sujet actuel, l'environnement, vu sous le prisme des lombrics, élément certes indispensable au renouvellement des sols mais qui est complètement invisible et inconnu de tous. Plus largement, cette lecture traite du rapport qu'ont les individus à l'environnement et, plus globalement, au monde qui les entoure.

A travers le parcours de deux étudiants au sortir d'AgroParisTech, on a un fossé qui se crée entre eux alors que leur vision initiale est la même. Les deux amis sont animés par la même envie mais procèdent différemment pour y parvenir. Alors qu'Arthur prône un retour à la terre, il s'applique à mettre en place un élevage de vers de terre pour un compost naturel (lombricompostage). Son ami Kevin se lance quant à lui dans une démarche plutôt commerciale, celle de la vente de lombricomposteurs individuels, affaire qui se heurte à de nombreux refus avant de décoller d'une manière tout à fait inattendue.

Ce roman est à la fois une critique de l'inaction mais aussi celui du greenwashing, de la start-up nation, tout comme le postulat d'un retour aux sources. Des parcours des deux protagonistes on en retient que la désillusion est présente peu importe le chemin emprunté. L'utopie de vouloir sauver le monde est illusoire si on ne s'y met pas à grande échelle. Ici, l'auteur parle de lombrics qui pourraient sauver le monde mais le sujet aurait pu être transposé sur un autre thème qui pourrait jouer un rôle dans l'amélioration des vies futures. Certes le sujet très technique peut perdre en cours de route mais la substantifique moelle que l'on peut retirer de ce roman est la manière dont on peut intervenir aujourd'hui face à une catastrophe annoncée à laquelle on n'accorde peu de crédit.


Minouchka

Lu dans le cadre du Prix Landerneau des Lecteurs 2023

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