Mon petit de Nadège Erika (Editions HarperCollins)
Ce roman est une claque tant il est bien écrit et les sujets abordés sont à la fois sociaux, économiques et intimes. L'autrice a une écriture directe : elle ne tourne pas autour du pot et montre la réalité sans fard.
Naëlle est d'abord une jeune fille qui devient ensuite une jeune femme dans le Paris des années 90. Elle navigue entre deux foyers, celui de sa grand-mère (Grand-Maman) et celui de sa mère. Cette vie hybride et pas comme les autres n'est pas ressentie comme dysfonctionnelle par la petite fille et sa fratrie, car c'est leur normalité. En même temps, Grand-Maman s'assure du bien-être matériel et émotionnel de ses protégés. Les passages relatant ces moments sont teintés d'amour et d'insouciance, avec une petite touche de réalité qui s'insinue peu à peu dans l'esprit de la jeune fille. Notamment, elle ne connaît pas son père biologique mais en a-t-elle réellement besoin quand elle évolue dans un foyer (principal) aimant et où la vie est douce (d'un point de vue enfantin) ?
Puis Naëlle grandit et, à l'adolescence, elle entre dans une rébellion propre à son âge, mais aussi à son milieu antagoniste. Elle rêve de liberté tout en aimant rester dans le milieu où elle est. En effet, vivre entre deux foyers apporte aussi son lot de questionnement et de différences d'éducation. Chez Grand-Maman, c'est l'ordre qui prime alors qu'avec leur mère, le mode de vie est un peu plus bohème. Son quartier puis Paris devient le cadre de ses découvertes et de son émancipation vis à vis de sa famille mais aussi, il marque le passage de l'enfance à l'adolescence.
Ensuite, elle rencontre un jeune homme avec qui elle va s'installer. Avec lui, c'est une nouvelle réalité qui la frappe de plein fouet, celle de la différence de classes sociales. Je n'en dirai pas plus sur cette partie, mais elle reste la plus intéressante d'un point de vue psychologique et sociologique. C'est en tout cas cette partie de sa vie qui va la faire grandir d'un coup et lui faire prendre conscience du rôle assigné aux femmes et aux mères par la société.
Ce roman traite également de la nostalgie et de la perception qu'on avait des choses à un moment donné et qui son révolues au moment où on le réalise. C'est aussi une réflexion sur l'évolution des quartiers (ici, le quartier de Belleville à Paris) et sur les changements socio-économiques de certains territoires qui s'embourgeoisent au détriment de la population locale.
Pour un premier roman, Nadège Erika réussit avec brio à traiter de différents sujets qui sont à la fois propres à un personnage donné mais qui peuvent parler à n'importe quel lecteur. Elle arrive à poser les mots sur des expériences singulières et à en faire des thèmes universels.
Si on devait résumer cette lecture, c'est un roman (fictionnel ?) qui mêle sociologie, rapports humains et universalité.
Minouchka
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